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un temps prophétique

VIP-Blog de revelation2012
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  • Créé le : 16/08/2012 22:36
    Modifié : 14/09/2012 20:17

    masculin (31 ans)
    Origine : granby
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    [ les symboliques ] [ eschatologie ] [ philosophie ] [ prophétie ]

    Les temps difficiles

    29/08/2012 16:30



    LES TEMPS DIFFICILES

    Psyché n° 385 de 1928
     

    " Qui n'amasse point avec moi disperse ".

       La lecture de certains ouvrages se réclamant d'un christianisme soi-disant ésotérique ou d'un néobuddhisme falsifié, comme aussi nos modestes réflexions sur les courants d'idées qui bouleversent notre époque nous ont incité á écrire ces lignes.

       Nous tenons à dire, avant tout, que notre intention n'est pas d'ouvrir une polémique qui serait en contradiction avec l'esprit de cette Revue, mais d'essayer de distinguer, en prenant l'Evangile pour critérium, ce qui, en dépit de certaines apparences, est conforme aux enseignements du Christ de ce qui leur est contraire, afin que le lecteur, réfléchissant à son tour, pèse nos arguments, écoute les frémissements de son coeur et, l'Evangile en mains, tire sa conclusion personnelle. Les temps sont durs, de plus durs semblent proches, à chacun de choisir son Maître, car il est dit : " Tu ne serviras pas deux Maîtres ".

       Nous rappellerons donc brièvement les caractéristiques de l'esprit du siècle, puis celles de l'esprit chrétien. Laissant au chercheur le soin de les mettre en parallèle, nous essaierons, sans abuser des citations, de différencier certaines théories pseudo-messianiques du Christianisme évangélique, effleurant ainsi le sujet brillant du retour de Jésus.

    * * *

    " Vous connaîtrez l'arbre à ses fruit ".

       Si nous considérons les manifestations de l'activité humaine dans tous les domaines de la vie moderne, nous remarquerons qu'elles ont pour caractère commun l'Esprit de révolte et d'anarchie. Le renversement des valeurs, l'utilitarisme des uns, les rêveries humanitaires des autres, l'indifférence de la masse pour ce qui n'est ni sport ni jouissances immédiates, l'incohérence d'une poésie sans règle et souvent sans âme, sinon sans esprit, l'avortement d'une littérature licencieuse à froid ou donnant sa mesure dans d'innombrables volumes de critique ou d'essais (à défaut des oeuvres hautes et pures qu'elle ne saurait enfanter), une science où champignonnent les théories les plus contradictoires, tout cela sent la décomposition et la mort (1).

       Un coup d'oeil sur les convulsions politiques et sociales, renforce cette sensation et, si le présent est sombre, l'on peut appréhender un proche avenir plus ténébreux encore. Ici, on cherche à saper la famille, là, à justifier la négation des plus élémentaires devoirs, ailleurs à fausser le Génie même de la race et son sens religieux. Pendant ce temps, l'olivier de la paix sert d'abri aux vautours préparant les futures hécatombes. La terre, même, s'agite : les catastrophes se succèdent et l'ordre des saisons reflète l'instabilité de l'ordre social. Quel rempart opposer à cette anarchie universelle, à cette ruée d'appétits inférieurs ?

       Progrès, justice sociale, humanité, solidarité, autant de termes pompeux, autant d'idoles vaines, au nom desquelles les hommes s'entre-dévorent fraternellement. Quant à l'enfance, espoir de la race, faits divers et statistiques suffiraient à donner aux plus optimistes quelques inquiétudes sur l'an de Grâce 1940.

       Si l'un nous oppose que les siècles passés présentent d'aussi sombres tableaux, nous nous permettrons les remarques suivantes :

    1) La démoralisation qui sévit jadis, quoi que ininterrompue, n'affecta que les classes dites " supérieures " de la société, ne corrompant que très partiellement la population, surtout celle des campagnes ;

    2) Les principes mêmes de l'édifice social ne furent presque jamais reniés publiquement, même par ceux qui les respectaient le moins ;

    3) Les bases de la société (autorité paternelle, foi conjugale, respect filial), n'étaient pas, comme de nos jours, ébranlées par les lois et les moeurs.

       Aujourd'hui, la contagion a gagné les campagnes jadis saines, comme une autre, plus matérielle, les emprisonne physiquement. D'autre part, les conditions actuelles d'existence dans les villes, le machinisme à outrance, le genre de distractions qu'elles offrent, la surenchère électorale, le goût du confort, le besoin de paraître, le gaspillage et bien d'autres facteurs sont les lents, mais irrésistibles dissolvants du foyer, unité biologique de l'organisme social. Crimes et suicides d'enfants, laisser aller des parents, multiplication des divorces, malthusianisme et prostitution florissante (avec son cortège de misères physiologiques et de tares morales), mépris de la vie humaine et des lois divines, en sont les premières conséquences.

       Est-ce notre faute si nos constatations ressemblent étrangement à un réquisitoire ? Anarchie, révolte, violence, jouissance, telles sont les manifestations cardinales de l'Esprit de ce temps. Depuis deux millénaires que s'affrontent christianisme et anti-christianisme, la terre, leur enjeu, est divisée. Depuis vingt siècles, les moeurs, les lois, les institutions ont pu changer, le coeur humain est resté tel ; mais, ce qu'hier contenait seulement en puissance, aujourd'hui le traduit en acte. Aussi assistons-nous au début d'un terrible règlement de comptes.
     

     


     

    "La fermentation précède la séparation " disent les hermétistes.

       La fermentation est à son comble, deux armées se recrutent, le moment vient où il faudra choisir son Maître et, si nul ne sait l'heure du combat ultime, chacun peut craindre son imminence. C'est pourquoi il est écrit : " Veillez et Priez : " car " Je viendrai comme un voleur ".

       L'évangile énumérant les signes auxquels nous reconnaîtrons que les temps sont proches, nous nous excusons de renvoyer le lecteur au texte original en nous interdisant tout commentaires.(2






    Nécessité et liberté

    29/08/2012 16:27



     

    NÉCESSITÉ ET LIBERTÉ
     

    « Cherchez la Vérité et la Vérité vous rendra libres ».
    Évangile

         Une différence radicale existe entre l'homme et l'animal. Comme l'expose la tradition celtique, « l'homme a été marqué par Gwyon », (l'Esprit divin, analogue au RUaH ALEYM de la Genèse). Or, l'Esprit souffle où il veut. Tel est le fondement de la liberté humaine. L'homme terrestre est donc perfectible alors que l'animal ne l'est pas, car ce dernier est instinctivité pure et celle-ci est nécessité. Le dressage des animaux réputés domestiques n'est pas un signe de perfectibilité. Le chien, par exemple, pour être dressé, subit l'influence de la volonté humaine et ne conserve cet acquis que dans la mesure où il demeure dans le rayonnement de la présence de l'homme. Lorsque l'instinct reprend ses droits, adieu l'éducation ! C'est ce qui se passe chez la chienne à qui la maternité fait perdre son acquis superficiel. En ce cas, l'instinct maternel a réveillé l'instinct tout court et le dressage est à recommencer. L'instinct est donc admirable, comme le serait une mécanique de précision, mais aussi peu perfectible qu'elle. Tout y est nécessaire, tout y est donné à la fois, tout y est ordonné une fois pour toutes. Comme à l'aube des temps la première hirondelle construisit son nid, de même le construira la dernière, ni mieux, ni plus mal, mais identique. L'animal est donc soumis à un déterminisme indéniable.

         L'homme, s'il y est soumis par son corps et ses facultés naturelles, lui échappe par son esprit. La chute d'Adam a fait de ce libre par essence un être partiellement déterminé. Elle l'a intriqué dans un mécanisme où il n'avait que faire. Aussi, en lui, la racine des actes, (en tant qu'ils dépendent d'une délibération de sa volonté, ce qui est moins commun qu'on ne le pense généralement) est libre ; mais les conséquences de ces actes échappent à son emprise et sont nécessitées par les lois inflexibles du monde dans lequel il s'est fourvoyé.

         L'homme n'est perfectible que parce qu'il fut parfait, il n'est libérable que parce que la liberté fut son élément. C'est pourquoi les Triades Bardiques nous disent que « l'homme et la liberté naquirent en même temps ».

         Le Grand'Œuvre de l'homme est donc de reconquérir sa liberté primitive. À cette conquête ou, plus exactement, à cette résurrection, s'opposent les tendances particularistes du Moi. Ce sont d'elles que résultent et notre impuissance et notre ignorance. Car, contrairement à certaines théories, l'ignorance, loin d'être la cause de notre limitation en est la conséquence. Pour retrouver, donc, cette omniscience, cette omnipotence, cette liberté perdues, il nous faut rechercher les causes de notre déchéance. Elles sont fort simples : égoïsme et orgueil. Elles sont palpables, puisqu'elles nous font trébucher chaque jour... et le mal que nous avons à les combattre nous prouve assez leur importance. Charité et humilité sont donc les seuls remèdes à ce mal et leur exercice est le plus court chemin, le plus normal, le plus universel, pour obtenir connaissance, pouvoirs et liberté. Tel est le chemin que le Christ a frayé et qu'il nous a ensuite enseigné, joignant l'exemple au précepte. Celui qui est la Vérité n'a-t-il pas dit qu'elle seule peut nous rendre libres ? Or la Vérité, c'est la Voie et c'est la Vie, c'est-à-dire l'action. Pour le philosophe, c'est le Verbe, pour nous, c'est le Christ Jésus, notre libérateur.
     

     


    A. SAVORET.

    NOTES COMPLÉMENTAIRES


         Le déterminisme est donc la loi des mondes cataboliques, des mondes de chute. Le fait constant qui les distingue c'est que, dans leur sein, le supérieur se sustente de l'inférieur. La loi divine, au contraire, est que le supérieur se sacrifie pour l'inférieur.

         Ce dualisme négligé, on en vient à considérer l'état actuel de l'homme au sein de la nature, comme normal, comme le résultat d'une évolution et non d'une involution. De là à méconnaître totalement son rôle dans la création, le pourquoi de sa venue sur terre, et les principes qui constituent son être réel, il n'y a pas loin. Dans la tradition judéo-chrétienne, au contraire, la chute adamique joue comme élément primordial et, de quelque façon qu'on se représente le péché originel, on en admet la réalité et les conséquences. Le génial rédacteur du Pentateuque, expose, dans la Genèse, le processus par lequel l'homme s'est abandonné à la nécessité instinctive au point d'en subir les lois. Si nous n'avons pas commis d'erreur, Moïse nomme les trois modifications universelles de l'humanité post-édenique ;

         QaYN, l'Instinct universel, principe de nécessité absolue, dont HéNOK, l'instinct individuel est la réflexion.

         HaBeL, l'Intelligence universelle, principe de libération et d'expansion harmonieuse.

         SeTh, l'Animisme universel, principe de nécessité relative, équilibre sympathique, dont ANOSh, l'âme individuelle, constitue la réflexion.

         QaYN, est la cause de la nécessité ontologique, comme l'expriment avec force les caractères Qof et Nun qui forment son nom. Il régit tout passage de puissance en acte, dans la sphère sensible.

         HéNOK, sa réflexion en centres instinctifs particuliers, exprime à la fois une faculté et une fonction : la détermination des choses, les choses déterminées elles-mêmes (1).

         Cet HéNOK engendre :

         WhYRaD, l'impulsion dominante, le tourbillon caractéristique de la sphère instinctive magistralement analysé par Fabre l'Olivet (2). C'est ce vortex qui provoque les réactions instinctives, les « réflexes ». Ces réactions sont franches chez l'animal ; chez l'homme, un élément hétérogène les modifie. Tout, dans la nature, tend à sa répétition. Tout, dans l'homme, est susceptible de transmutation. Ce tourbillon, envisagé dans l'être en puissance de manifestation, attire sympathiquement les éléments du corps futur qu'il emprunte au milieu où s'opère sa localisation.

         De là, l'enroulement des facultés animiques obnubilées et leur déroulement progressif, dans la période post-natale. C'est pourquoi WhYRaD produit :

         MeHUYAcL, la forme animale, l'apparescence physique, laquelle nécessite, en contrepartie :

         MeThUShAeL, la décomposition de cette forme, lorsque l'énergie intériorisée pour en maintenir l'unité organique étant épuisée, chaque élément retourne au milieu qui l'avait fourni.

         Nous ne pourrions poursuivre cette analyse sans sortir des bornes que nous nous sommes prescrites. Nous ne sommes d'ailleurs ni théologien, ni métaphysicien, et les conséquences que nous croyons pouvoir tirer de la lecture des idéogrammes bibliques n'engagent que nous. Nous ajouterons pourtant que le fils de Methushael se nomme Lamek, nom qui est celui d'un des fils de Seth, père de Nohé. Ce Lamek représente trois modalités différentes d'un même principe, selon qu'on envisage sa fonction cosmogonique, androgonique, ou sociale. Au sens androgonique, il est la force qui réfrène les effets désastreux de l'impulsion Qaynique : L'Amour Instinctif, comme le Lamek, père de Nohé, représente : l'Amour animique.

         Or, si les fils d'Adam représentent l'homme de la chute, ceux de Nohé, représentent l'homme de la réascension. C'est pourquoi, la première production d'Adam, tourné vers la matière, est Qayn, le centralisateur, alors que la première production de Nohé, tourné vers l'esprit, est Sem, le glorieux.

         Mais, de même que ce Sem dont dépend l'oeuvre humaine du salut, ne la réalise que par l'intervention. d'Arpaksad (la Providence médiatrice), qui lui fournit les moyens extra-humains de la parachever, de même, l'homme terrestre ne saurait se réintégrer dans sa félicité primitive, sans l'intervention de cet Arpaksad que nous nommons Jésus.

    A. S.

     



    (1) Aussi, nous lisons dans la Genèse (IV, 17) : « Et (Qayn) édifia un circuit défensif et l'appela du nom de son fils : Hénok ». La fonction de ce dernier est donc de cloturation, il tisse les éléments du corps ou, plus exactement, en fixe la sphère d'assimilation. Dans une cellule, pour prendre un exemple physique, Il représenterait assez bien l'enveloppe qui la délimite tout en la protégeant contre l'effort assimilatif des autres cellules. La formation étymologique de ce mot est d'ailleurs caractéristique. On peut le rapprocher de l'hébreu anoki (moi-même), du grec ananké, du gallois Ing (limitation), Angen (nécessité), en breton ank.

    (2) Histoire Philosophique du Genre Humain, Tome 1 (Dissertation Introductive).

     






    La lumière débrouillant le chaos

    29/08/2012 16:26



     

    LA LUMIÈRE DÉBROUILLANT LE CHAOS

     
     

         Cette phrase, qui constitue le titre d'un célèbre ouvrage alchimique, pourrait également servir de titre et de résumé à la plupart des cosmogonies antiques. Il est vrai qu'il faudrait s'entendre une bonne fois sur ce qu'est cette « lumière » et sur ce qu'est ce « chaos » qui, sous bien des noms, Bahu, Erebos, Tiamat, figure en tête des chronologies symboliques de la plupart des peuples de l'antiquité.

         Les symboles cosmogoniques sont intéressants à plus d'un titre, ils valent bien, quoi qu'en pensent les modernes, les créations de nos philosophies actuelles, et sont, en particulier, beaucoup plus proches de la vérité essentielle que les « systèmes du monde » à base plus ou moins scientifique, la science, telle qu'elle est entendue de nos jours, étant le domaine du muable, de l'incertain, du borné.

         La tradition judéo-chrétienne contient, sans nul doute, l'aspect de l'éternelle vérité le plus accessible à notre entendement.

         Il n'est donc pas sans intérêt de rechercher à en pénétrer les formes, pour communier avec leur esprit toujours vivant.

         Nous appuyant sur les travaux de Fabre d'Olivet, sans nous en faire l'esclave aveugle, nous allons essayer de projeter quelques lueurs sur les principes cosmogoniques décrits par Moïse. Sans doute, nous ne dirons pas tout. Nous ne prétendons pas « révéler » des secrets abstrus. Nous ne dirons pas tout, pour trois raisons majeures. La première, c'est que nous ne nous imaginons pas tout savoir ; la seconde, c'est que des principes véritables ne se laissent pas décrire comme des phénomènes ; la troisième, c'est la raison de convenance qui nous ordonne d'éviter le mot propre, lorsque celui-ci est susceptible de mettre sur la voie de certains secrets pratiques, toujours dangereux pour ceux dont les forces morales ou la volonté ne sont pas en rapport avec l'étendue de leur curiosité ; de plus, définir, c'est dogmatiser, et l'allure dogmatique ne nous convient en aucune façon.

         Ce qui suit doit donc être pris comme les résultats de méditations personnelles, avec toutes les possibilités d'erreur qu'elles comportent.

         La catégorie de lecteurs que ce genre de recherches intéresse ou passionne, doit s'en souvenir. Si, ici et là, une idée s'accorde avec le résultat de leurs propres recherches, ou confirme quelque intuition encore floue, notre but sera atteint.

         C'est pour cette catégorie de lecteurs, cheminant sur une des voies qui conduisent à la Voie, que nous voulons rappeler quelques directives générales pour cet ordre de recherches.

         Tout d'abord, ne pas être trop pressé. Une hâte fébrile mène droit à l'erreur. L'imagination surexcitée peut jouer bien des vilains tours. Ensuite, puisque les livres sacrés contiennent, non seulement une métaphysique, mais aussi une éthique, il est nécessaire, absolument nécessaire, de ne pas faire abstraction de l'une au profit de l'autre ; sinon, le déséquilibre qui en résulterait fausserait irrémédiablement le fonctionnement délicat de la sphère intellectuelle. Se souvenir à propos que l'arc n'est pas fait pour rester tendu, comme l'a dit judicieusement Kong-Tseu. Enfin, ne pas s'imaginer que les vrais secrets se laissent écrire. « Ce que je sais le mieux, je ne le sais que pour moi », disait Goethe ; il avait raison. C'est seulement par l'intuition,que certaines lumières nous deviennent sensibles ; le mental, représentant du Destin dans la sphère intellectuelle, agit comme ce dernier, d'une manière mécanique, poussant rigidement à leurs conséquences logiques, les principes que l'intuition humaine a reçus. Mais il lui est impossible de poser les principes et il ne faut pas lui laisser usurper un rôle qu'il ne peut assumer. La force qui fait croître les plantes n'est pas celle qui les spécifie comme telles.

         Le vrai chemin, c'est celui de la simplification, de l'unification du moi faire du cœur un miroir tranquille, capable de refléter correctement les clartés d'En-haut.

         Rien n'est impossible au chercheur vraiment désintéressé, qui se tient dans l'humilité et dans la charité. Si l'on comprend que l'homme ne possède que ce qui lui est donné et qu'il n'est par conséquent qu'un serviteur inutile, l'humilité devient facile. Si l'on se rend compte que l'Amour est la clef des clefs, la charité vraie peut naître. Celui qui saisit la vérité de ce qui précède, et dont la bonne volonté est prête à le traduire dans la grise réalité quotidienne, celui-là ne tardera pas à récolter les fruits de sa persévérance. N'est-il pas écrit : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ! »

         L'auteur de La Langue Hébraïque Restituée, pensait que la cosmogonie proprement dite, de Moïse, était renfermée dans les 10 premiers chapitres du Sepher Bereshith ou Genèse, considérant le premier comme le dixième de sa théogonie, et le dixième comme le premier de sa géologie. Moïse ne nous ayant pas laissé sa théogonie, force nous est de situer approximativement le début du Sepher, afin de nous rendre compte s'il y est question de la création primitive ou d'une création secondaire, dont l'intérêt résulte surtout du fait que nous lui appartenons.

         Nous avons de fortes raisons de pencher pour cette dernière hypothèse, le fait même des ressemblances de cette cosmogonie avec les cosmogonies phénicienne et assyrienne, la notion sans doute implicite, mais nullement explicite de la chute des anges, l'omission, dans le récit de la création, de celle du monde angélique, sont autant de présomptions en sa faveur.

         C'est dans ce sens que nous interpréterons les paroles de Fabre d'Olivet (Théodoxie Universelle) : « je vous dis que le développement de l'Univers est une résurrection ».

         Si la cosmogonie se renferme dans la décade sacrée des 10 premiers chapitres du Sepher, il nous est apparu que les 10 premiers versets, décade de cette décade, en renfermaient tous les principes. Que la division en versets, soit ou non due, à Esdras, importe peu. L'important est que cette division s'offre à nous comme intentionnelle.

         Ces dix versets nous représentent, groupés autour du Principe Central ALEIM (Lui-les-Dieux), 12 principes ou modifications de principes dont voici les noms : ThEUM, MaIM, HOSheK, RUaH-ALEIM, AOR, IOM, LILE, ShaMaIM, RaQIWha, IMIM, IBéShE, AReTs.

         Il s'en faut de beaucoup que ces principes aient tous la même importance ; certains ne sont qu'un aspect particulier, qu'une certaine phase de développement ou de manifestation des autres ; si le nom de « principes » peut leur être laissé pour la commodité du langage, il ne leur conviendrait pas en stricte justice.

         Un premier classement s'avère donc nécessaire nous l'établirons comme suit :

         Principes primaires, relevant de la théogonie ou tout au moins de la primitive création :

         ALEIM la Divinité conçue à travers l'Angélité,

         ThEUM l'Abîme primordial, source passive des
    « possibles »,

         RUaH-ALEIM : le Verbe-Lumière, la puissance créatrice du Très-Haut, considérée en soi, comme. Parole de IEVE, ou à travers l'angélité.

         Principes sur lesquels va s'exercer l'effort créateur, ou, pour parler comme Fabre d'Olivet, l'œuvre de résurrection :
    MaIM : les eaux primitives, spécification du ThEUM,
    HOSheK : le feu ténébreux, né de la chute de l'archange.

         Principes particuliers de la création décrite par Moïse, dans le but de réparer l'état des choses créé par la révolte des anges :

         AOR : la Lumière verbale, manifestation de RUaH-ALEIM dans cette création particulière. Il est l'Agent exerçant son action sur maïm-hoshek, déjà nommé, c'est-à-dire sur les Eaux enténébrées, va s'opposer comme IOM (jour) à HoSheK, réagissant comme LILE (nuit). De cette lutte vont naître

         1° De MaIM (eaux), séparées des ténèbres :

    ShaMaIM : les eaux spiritualisées, source des existences spirituelles,
    RaQIWha  : les eaux moyennes ou éthérées,
    IMIM : les mers ou les eaux inférieures.


         2° Et de HOSheK (la ténèbre séparée des eaux) :

    IBeShE : l'aridité, origine de :
    AReTs : la « terre », source des formes matérielles.


         Cette distinction faite, nous pourrons lire avec plus de fruit la traduction des dix premiers versets, faisant remarquer toutefois qu'une traduction de cet ordre est illusoire, et que le terme paraphrase serait plus convenable :

         En principe, ALEIM décréta l'existence potentielle des cieux (ShaMaIM) et de la terre (AReTs) (1).
    Or, la terre n'était encore que puissance d'être, en germe dans une autre puissance d'être (2), et les ténèbres (feu centralisé) étaient sur la face de l'abîme (existence potentielle indéfinie), en lequel s'annulaient mutuellement l'énergie centralisatrice, des ténèbres et la motilité expansive des eaux mais l'Esprit divin (RUaH-ALEIM), souffle fécondateur, exerçait déjà son activité sur la face des eaux (3).

         Car ALEIM manifesta sa volonté, disant (4) « Que soit la Lumière ! » Et, déjà, elle était. Cette Lumière, intelligible et non sensible, est l'aspect que prend pour nous le Verbe créateur ; cette lumière intelligible peut se rendre sensible, dans le temps, passant de son immuabilité éternelle à sa manifestation créatrice, (jour), puis se réintégrant ensuite dans son état primitif, une fois les principes décrétés, déposés dans la sphère cosmique. C'est ce mouvement même de la lumière qui détermine les modes de la durée, sans d'ailleurs que son éternité en soit affectée.

         ALEIM, considérant cette lumière comme bonne, (manifestée en vue du bien), l'opposa aux ténèbres. Son rôle était de changer les ténèbres en les dissolvant, en les illuminant pour les faire participer, de nouveau, à sa propre nature, après les avoir séparées des eaux.

         Et ALEIM caractérisa la lumière, dans sa manifestation, du nom de jouir, (cycle de réalisation d'un décret divin, manifestation du Verbe cosmique) (5). Ensuite, il caractérisa les ténèbres du nom de nuit (LILE) : manifestation négatrice (6). Ainsi fut, du passé au futur, du début à sa fin (7), le jour premier (première phase de l'œuvre rédemptrice). Puis ALEIM manifesta sa volonté, disant : il y aura un espace raréfié, éthéré, (RaQlWha), dans le centre, (il ne s'agit pas du centre géométrique), des eaux universelles ; et il opéra un mouvement de différenciation hiérarchique au sein des eaux.

         Et ALEIM effectua l'ipséité de la raréfaction éthérée, afin de différencier les eaux d'après ce moyen terme, ce mouvement s'opéra entre les eaux qui s'alourdissaient, se condensaient, et celles qui s'allégeaient, se dilataient, par rapport à cette raréfaction éthérée. Et ainsi fut.

         Alors ALEIM caractérisa l'espace éthéré du nom de cieux (8) : eaux glorifiées. Ainsi fut, du commencement à la fin, le second jour (seconde phase de l'œuvre).

         Manifestant encore sa volonté, ALEIM dit : « une tendance interne et irrésistible poussera vers un lieu déterminé, les eaux inférieures à celles qui constituent les cieux. Ainsi, l'aridité deviendra sensible » (9).

         Et ALEIM caractérisa l'aridité (feu interne centralisé) du nom de terre (AReTs), élément compacté (10) ; et le mouvement gravitatif des eaux inférieures, il le caractérisa du nom de mers (IMIM) : manifestation aqueuse universelle (11), enroulements et déroulements fluidiques.
     
     



    *
    * *

     




         Il nous reste peu de choses à ajouter à ce qui précède. Le lecteur pourra tirer ses conclusions sans notre aide, si aide il y a (12).

         Déjà, dans cette cosmogonie, nous voyons le Verbe, non pas dans sa fonction de Créateur, au sens le plus absolu du mot, mais dans celle de Rédempteur.

          Sa fonction de Créateur appartient à la Théogonie, dont nous n'avons pas à nous occuper, fort heureusement pour notre vue bornée.

         Il exerce cette fonction rédemptrice en séparant les eaux des ténèbres, puis en créant un univers Mixte dont ADaM, l'homme universel, doit être le couronnement, Il est bien là, comme le dit Saint Jean, « la Lumière qui cherche à éclairer les ténèbres, mais que les ténèbres cherchent à repousser », car Lucifer préfère régner dans l'ombre que servir dans la lumière.

         L'exposé de Moïse, quoiqu'il n'y soit pas question directement de la création des anges et de la chute, d'une partie d'entre eux, ne s'éclaire vraiment que si l'on tient compte de ces deux faits. C'est donc avec raison qu'on peut appeler l'œuvre des six jours une « résurrection ».

         Et c'est le Verbe qui est l'agent de cette résurrection, comme il est celui de la résurrection de l'Adamité déchue.

         « Et le Verbe était la vie, et la vie était la lumière des hommes »... On peut rapprocher de cette affirmation de l'apôtre ces paroles du Christ, qui prennent, après ce qui précède, un singulier relief : « Je suis la Résurrection et la Vie »
     
     
     

    EssA.

    (1) Le verbe BaRA, qu'on a traduit par « créer » n'a pas forcément ce sens. Ici, il exprime une activité transformatrice, opérant sur un élément préexistant. Le signe de toute virtualité interne, B, forme ce verbe, combiné au radical AR, dont nous reparlerons plus loin.
    (2) En effet, la « terre » était en germe dans les ténèbres, et celles-ci devaient se manifester comme nuit en se séparant des eaux, pour qu'elle puisse naître.
    (3) Les eaux, au sens primordial, se confondent avec le ThEUM, l'Abîme. Au sens restreint, correspondant à l'œuvre que retrace Moïse, elles s'en distinguent ; elles forment la portion de cette substance vierge, captée par les anges déchus, pères des ténèbres. Le nom même de celles-ci : HOSh-eK, porte sur le même radical que celui du tentateur Na-HaSh ; ceci est à considérer soigneusement. Fabre d'Olivet semble avoir confondu, dans sa traduction Na-HaSh et SaTaN, le tentateur et le, magnétisme perverti sur et par lequel il règne.
    (4) disant... Le verbe AMoR est employé par Moïse concurremment à la préposition ath, pour marquer l'institution d'une chose en principe, en puissance ; Il emploie, au contraire le verbe QaRA, en omettant cette préposition, chaque fois qu'il s'agit d'une réalisation effective, d'un passage de puissance en acte.
    (5) IOM est formé de IM (mer) illuminé par le signe du Verbe : O. C'est la vibration des eaux et leur illumination.
    (6) LILE (nuit), est le mouvement opéré au sein des ténèbres par la manifestation lumineuse. Les ténèbres réagissant sous l'influence de la lumière, subissent donc une modification profonde. Si l'on se borne aux apparences, on y verra un plus grand mal, quelque chose comme le passage de l'indifférence à la haine, mais essentiellement c'est cependant un plus grand bien... Le mouvement, fut-il réactif, est toujours une victoire de la vie. La nuit est donc une modification des ténèbres, inversement proportionnelle à cette modification de la lumière que Moïse nomme jour.
    (7) Du début à la fin... Il est remarquable que Moïse emploie une expression contraire : V'IEI WheReB, V'IEI BoQeR : « et fut soir et fut matin ». La raison profonde de cette marche étrange réside dans le sens symbolique des termes employés : WheReB, l'Erebos des Grecs, signifie soir dans le sens d'obscurité ; BoQeR indique, au contraire, un dégagement graduel de lumière. Chacun des jours ou cycles lumineux décrits par Moïse, constitue une nouvelle étape de la lutte victorieuse du Verbe-Lumière contre les Ténèbres infernales. Chacune de ces périodes débute dans un stade relativement ténébreux par rapport à sa fin. La phrase de Moïse signifie donc : « et fut point de départ obscur, et fut terme plus lumineux », (de telle ou telle période cosmique), Tout le récit est ainsi subordonné aux phases de cette lutte de la Lumière et des Ténèbres, qui en est le nœud.
    (8) cieux (ShaMaIM) : Kunrath avait pressenti la formation de ce terme, que Fabre d'Olivet a exposé : ShaM-MaIM : les eaux glorifiées, sublimées, illuminées, En un certain sens, on voit que les cieux (une fois formés) se confondent avec le firmament (RaQlWha, l'orbe éthéré). Cependant Moïse établit entre eux une certaine distinction... Les deux grands « luminaires » (qu'on a pris trop facilement pour le soleil et la lune qui n'en sont que les symboles) sont placés dans le « firmament des cieux ». Ceci ne saurait être sans raison.
    (9) L'aridité (IBeShE)... La formation hiéroglyphique de ce mot peut nous amener à concevoir quel feu ténébreux est l'élément propre de HOSheK.
    (10) Le radical du mot AReTs  est le même que celui d'AOR  (la lumière du Verbe). Terminé par le signe involutif Ts, et privé du signe même du Verbe (O), ce mot exprime bien la manifestation de l'énergie propre de l'archangélité déchue. Bien médité, il nous retrace la cause de sa chute, et quelle sorte de puissance est encore la sienne.
    (11) IMIM, les mers, recevant le signe du Verbe, deviennent IOMIM : les jours. La clef de la rédemption universelle se montre ici à découvert.
    (12) Notons seulement que dans la création primitive, nous pourrions sans doute retrouver, avec leur plus large acception, les principes énoncés ci-dessus, sauf, bien entendu, les Ténèbres. Il n'y a pas de création possible sans un agent, qu'on l'appelle « la Parole créatrice », RUaH-ALEIM, Pneuma ou l'Éternelle Lumière, il n'y a pas de création possible sans un moyen, qu'on l'appelle « la Vierge de Lumière » ; les Eaux Abyssales (MaIM-ThEUM) ; la prima materia ou la substantialité universelle. La vibration ou l'illumination des Eaux est le grand mystère dont le comment échappe absolument à l'entendement humain. Dire que tout est « vibrations » n'explique rien ; dire qu'il n'y a ni matière, ni esprit, mais seulement des vibrations ou des tourbillons, est inconséquent : il n'y a pas de tourbillon de vide dans le vide, il faut de toute nécessité deux choses : un plasma susceptible de tourbillonner et une impulsion indépendante, capable de provoquer le tourbillon. On peut en dire autant de toute vibration qui suppose toujours un corps vibrant et une impulsion vibratoire ; la meilleure image de l'animation de l'Univers - mais combien grossière - serait celle d'une corde de violon, (dont la tension même suppose déjà une opération de l'esprit), que le doigt de l'artiste fait vibrer avec toutes ses harmoniques. On sent, bien que faire, de la vibration en soi, quelque chose d'indépendant de l'artiste et de la corde, et surtout d'en faire l'origine de l'artiste et de la corde (ceci s'appelle gravement la « polarisation de l'élément neutre en positif et négatif » c'est méconnaître, totalement la portée du symbole. Il n'y a de telle polarisation qu'au sein même des eaux. Tous les systèmes qui nous parlent de la polarisation de l'Unique, ne dépassent donc pas cette notion et font abstraction de l'Agent, considéré dans sa primordiale indépendance, dans son essentielle activité.
     

     






    L'esthétique du verbe

    29/08/2012 16:21



    Esthétique du Verbe


    I. La Création Esthétique

    " La beauté prit naissance en même temps que le ciel et la terre. "
    Ong Giao Ki.

    Le Verbe est la manifestation de la puissance créatrice de Dieu. Le verbe humain est, de même, créateur, en reflet et en sympathie du Verbe divin, c'est-

    à-dire quand il exprime la vérité et selon la mesure où il réalise la Loi de ce Verbe, qui n'est autre que la Loi universelle de la Vie.

    La création esthétique réalisée par le verbe humain, le poème, est un être vivant, un petit univers d'idées, de sentiments et de sensations, avec son thème ou soleil central, son rythme vital et son zodiaque expressif et sonore. Tout poète est inspiré, qui composé une oeuvre viable. Mais l'inspirateur peut être céleste ou infernal. Tant vaut l'inspirateur, tant vaut le poème, mais tant vaut l'inspiré, tant vaut l'inspirateur. " Qui se ressemble s'assemble ", dit la sagesse des nations.

    Le poème peut être conçu comme une entité réelle, formée d'un esprit, d'une âme et d'un corps. L'esprit, c'est l'essence, l'archétype immuable auquel il se réfère. L'âme, c'est le rythme. Le corps, c'est la forme se déployant dans le temps. Comme l'indique analogiquement la table d'Emeraude, le poète s'élévera de la forme à l'idée qu'elle exprime, de l'image sensorielle á l'âme vivante des choses, et derechef, redescendra de l'idée à la forme, pour manifester l'union du sensible et de l'intelligible, de la pensée et de l'expression, du sentiment et de l'action.

    Son rôle est double : rôle passif de récepteur des inspirations (au moyen d'une imagination reflétant purement l'idéal transperçu) ; rôle actif de transmetteur de l'idéal adapté et " humanisé ", pour exciter sympathiquement, chez l'auditeur, le même état d'âme, la même capacité d'impression, la même attitude intérieure.

    Alors seulement, la poésie se dévoile incantation, formule magique évocatrice d'un monde infiniment distant, infiniment beau, infiniment oublié, dont le regret pleure à jamais aux plus belles strophes des plus humains poètes.


    II. Art et Beauté

    "La Poésie est la musique du coeur. "
    Ong Giao Ki.

    La poésie est la réalisation esthétique du verbe.

    L'esthétique est la re-connaissance du beau, hors soi, par le beau, en soi, et leur adaptation par sympathie, dans le champ de la conscience. De cette dualité de termes, il se déduit aisément que l'identification esthétique d'un sujet et d'un objet, est rigoureusement individuelle, et que nul ne peut vibrer à 1’unisson d'une forme du Beau extérieure à lui, s'il ne l'a, au préalable, reconnue et évigilée en lui. Le Beau, est un principe essenfiel, irrationnel ef inanalysable, dont ce que nous nommons beauté est la faculté effective.

    Le Beau est la splendeur du réel, la forme du divin, le visage vrai de la Vie, l'archétype de la suprême perfection, qui transparait dans l'expression physique des créatures, dans la mesure où celles-ci l'incarnent. La suprême beauté d'un être réside en son archétype. Tout être, individuel ou collectif, a le sien, qui n'est rien d'autre que sa conception idéale par le Verbe créateur, antérieurement à son existence effective, c'est-à-dire, en tant que principe. C'esf sa forme essentielle, typifiée dans le sein de la vierge cosmique ou de la nature mère, arche des concepts éternels. Ce type initial est le nom " vrai ", de l'être. C'est pourquoi, comme l'affirmaient les

    anciens sages, connaître le nom vrai d'un être, c'est posséder le pouvoir de lui commander ef la faculté de le comprendre, quel soit-il.

    L'Art, est un écho de ce nom dans la sphère du temps, un reflet de cette vertu dans le plan sentimental, sympathiquement perçu par un des trois centres de l'être, et traduit par celui-ci, après adaptation, selon la norme parficulière de ses moyens d'expression.

    C'est ainsi qu'on peut comprendre la définifion de Mallarmé : " L'art est une allusion à la vie ! " ; et celle de Paul Adam : " L'art, c'est d'inscrire un dogme dans un symbole ! ".


    III. La Poésie comme Organon

    "Le poète chante ses vers spontanément... ensuite, il reconnaît
    que tout en eux - son, rythme, mouvement d’ensemble - est juste... " 
    H. Borel (Wu-Wei).

    La plus noble faculté intellectuelle de l’homme, celle d'exprimer ses idées, devait nécessairement enfanter le plus transcendant des arts. On peut le considérer sous un double aspect : Poésie - Musique.


    Il est délicat de les démarquer nettement car ils s'interpénètrent, utilisant un élément commun : le Son.

    Mais, alors que la poésie emprunte au monde sensible des expressions particulières, qu'elle universalise pour les transposer en mode intelligible, au moyen de la métaphore ; la musique n'exprime que des universaux et nécçssite un commentaire pour être suivie dans ses développements particuliers.

    Toutes deux ont aussi ce caractère commun de se déployer dans 1.e Temps, selon les lois secrètes du Nombre, qui déterminent leur rythme vital. Le chant sert de lien mutuel à ces deux modes du verbe, et, à son défaut, la nécessité se fait rapidement sentir, soit de préciser la musique par le développement de l'instrumentation et la polyphonie, soit de " musicaliser " la poésie, pour l'universaliser et multiplier sa valeur expressive, par un choix judicieux de sonorités harmoniques.

    L'inconvénient propre du chant, réside dans son caractère mixte, soit que la musique n'y soit pas à la hauteur de l'inspiration poétique, soit qu'une musique élevée y serve de support à d'insipides paroles.

    Il n'est donc, le plus souvent, qu'un compromis, raremcnt heureux, entre ce qu'on s’efforce de dire expressément, et ce qu'on tend à suggérer musicallement.

    L'inconvénient propre du poème est cette oscillation entre une cristallisation pseudo-classique qui en étouffe l'âme et l'empêche d'étre senti par autre chose en nous que ce qui est froid et sans vie : l'intellect, et une anarchie (baptisée liberté) qui renverse toute valeur, supprime toute règle, s'affranchit de toute discipline et soumet le vaticinant désorbité aux impulsions déréglées d'un subconscient despotique.

    Un inconvénient secondaire, c'est que le son suggère souvent, par lui-même, tout autre chose que ce qu'il signifie abstraitement, comme vocable.

    Résumons maintenant ce que nous avons cru saisir du processus verbal :

    Tout est fait de Verbe et de Substance, tout, même un poème.

    Le Verbe possède l'effectivité et enfante la partie intelligible du poème : sa signification.

    La Substance possède l'effectualìté, et en enfante la partie sensible : son phonétisme.

    L'action du Verbe sur la Substance, c'est-à-dire de la pensée ou de l'émotion sur l'instrumentalité sonique, constitue l'élément positif du poème : son essence ou, si l'on veut, son esprit.

    La réaction de la Substance sur le Verbe, en constitue l'élément négatif : sa forme ou, si l'on veut, son corps.

    Leur adaptation sympathique, en constitue l'élément médian, réglant leurs rapports mutuels : son âme, ou si l'on préfère, son rythme vital.

    Ce procès se déroule dans le Temps. Ce que le Verbe spécifie comme principe (idée – sentiment - sensation), la Substance le développe comme faculté (nom - verbe - relation). Mais à son tour, elle reproduit le Verbe. D'où : le Verbe latent (archétype idéal du poème), et le Verbe formulé (celui-ci exprimé dans un discours quelconque et enveloppé d'un vêtement phonétique).

    En soi, la Substance (graphique ou verbale) est obscure. Le Verbe l'illumine, en lui communiquant sa nature intelligible. Toute oeuvre étant l'expression d'une essence intelligible au moyen d'une forme sensible, sa beauté résidera dans la conformité existant entre elle et l'un des archétypes universels, dont elle s'efforce de " sensibiliser " la présence. Cette conformité dépend, chez l'homme, de trois choses :

    1° de l'idéal auquel il s’est voué ;

    2° de son aptitude à le refléter, plus ou moins fidèlement ;

    3° de sa maîtrise des moyens, d'expression ou d'interprétation.

    La grandeur de l'idéal servi, est l'Esprit qui scelle les oeuvres, et dont dépend leur caractère divin ou infernal. Il est la source vive de toute inspiration.

    L'aptitude à .refléter purement un idéal, dépend du travail de l'artiste sur lui-même : se simplifier, se purifier, devenii un miroir net et plane.

    Ces deux conditions donnent le génie pour les réalisateurs et, pour les autres, le sens esthétique.

    La maîtrise des moyens d'expression peut s'acquérir par le travail et l'entraînement. En tout, elle confère le talent.

    Cette distinction faite, revenons au poème. Celui-ci est composé de mots, devenus par métaphore signes ou symboles. Dans son unité organique, se meuvent d'autres unités, plus élémentaires : phrase, pied, strophe, dominante sonore, etc... L'on peut considèrer chaque mot du poème comme une de ses cellules physiques, chaque quatrain ou sixain, renfermant une idée complète, comme un de ses appareils physiologiques.

    Chacun de ces organes, sert de support verbal à une force qui en est la vie animatrice, individualisée et spécifiée dans chaque élément poétique, mais en rapports plus ou moins étroits, avec la vie générale du poème, vie qui en harmonise les parties et dont dépend à la fois l'homogénéité et le rythme.

    Cette harmonie fonctionnelle (ce " concours final ", eût dit Wronski) rend les éléments sensibles du poème, participants à la nature verbale, en fonction de la valeur intrinsèque du poète.


    IV. L'Instrument Poétique

    Le son, nous l'avons vu, se meut dans le Temps, selon un rythme régi par des rapports nécessaires.

    Il est instrumentalisé en musique, vocalisé dans le chant, articulé en poésie, ce qui revient à une même chose : L'individualisation sonique.

    Le rythme vitalise le poème, il en est la trame, c'est le schéma du mouvement imprimé par l'essence à la forme. Chaque poème possède donc un rythme propre et il serait inexpédient d'astreindre ce mouvement vital à des règles immuables et indifférentes tant au sujet proposé qu'aux moyens utilisés pour le rendre. L'acuité expressive d'un poème, comme son eumulpie, dépendent (au point de vue instrumental) du degré d'appui mutuel que se prêtent :

    1° dans l'ordre sensible, la valeur onomatopique des sons ;

    2° dans l'ordre intelligible, la valeur métaphorique des expressions.

    On peut donc distinguer deux catégories de valeurs poétiques : L'harmonie des sons (ou eumolpie) par laquelle la poésiè se relie à la musique ; l'intelligible des sons, par lequel elle se rattache à la morale, à la psychologie ou à la métaphysique. C'est ici que le poète doit avoir soigneusement étudié son instrument : la parole. Ainsi parmi les voyelles, les unes, comme O, sont brillantes et pleines, les autres, comme U, voilées et sourdes. ll y a là toute une étude nécessaire, tout un clavier que les uns font résonncr d'instinct dont d'autres jouent avec lucidité, et sur lequel beaucoup tapent, hélas, au petit bonheur.

    Mais, ici, nous pénétrons dans le domaine particulier de la technique poétique. N'ayant pas à prendre position dans la querelle des Ecoles, nous nous abstiendrons d'aller plus avant. " Tout est dans tout ", dit un vieil axiome. Retrouver quelques analogies entre le Verbe et la parole, dégager quelques principes généraux et en tirer certaines conséquences, tel fut le but que nous avons tenté d'atteindre, en nous inspirant de la lumineuse formule de l'Evangile de ]ean :

    " Tout ce qui est, a été fait par le Verbe, et rien de ce qui est n’a été fait sans Lui. "






    La réalité psysique à la réalité métaphysique

    29/08/2012 16:19



    La postérité d'Adam jusqu'à Noé,

    selon les vues de Fabre d'Olivet

    Article en avant-propos du chapitre : "Quelques réflexions sur la Genèse de Moïse d’après la traduction de Fabre d’Olivet " de M. Heugel, dans l'ouvrage de cet auteur: En attendant les lis (1946)

    Note préliminaire

    Je tiens à souligner ici que la présente esquisse répondra strictement à son titre et que je ne chercherai pas à démêler quel sens Moïse attribuait aux personnages symboliques de la Genèse, ni dans quelle mesure Fabre d'Olivet avait pénétré la pensée profonde du grand Législateur des Hébreux. Je m'attacherai donc seulement, tâche suffisamment ardue, à expliciter dans la mesure du possible l’interprétation du théosophe de Ganges, en la dégageant des périphrases dont il l'a enveloppée. Comme les dites périphrases " louvoient " entre les trois sens principaux de chaque vocable, il nous faudra suivre cette marche nécessairement zigzaguante, soulevant le premier voile, écartant le second, mais respectant le troisième. Celui-ci en effet, ne peut être saisi pleinement par l'intellect que si ce dernier est illuminé par l'intuition, non une intuition quelconque, mais la Lumière du Verbe qui éclaire tout homme venant en ce monde, encore que tout homme ne soit pas apte à voir le soleil en plein midi !... Pour moi, n'ayant pas la prétention de tout savoir, on me pardonnera facilement si j'affirme, par voie de conséquence, n'avoir pas celle de tout dire.

    Si je me permets de commenter Fabre d'Olivet, tout en sentant vivement ma petitesse en face de ce géant de l’intellection, c'est que d’autres l'ont déjà tenté pour leur compte, jetant dans le public des notions que je crois erronées et dénaturant ainsi la pensée de l'auteur. Or, c'est à cette pensée que je veux rendre hommage, dans la petite mesure où je crois l'avoir comprise.

    Je viens d'affirmer que cette pensée avait été dénaturée. Un seul exemple : à la suite de Saint-Yves d'Alveydre, Papus, souvent inspiré, puis d’autres compilateurs décrivent Caïn comme étant " le temps centralisateur " et Abel comme " l'espace expansif ". C'est une opinion. Il serait abusif d'en rendre Fabre d'Olivet responsable.

    Sa pensée est tout autre. Mais si l'on tenait absolument à voir le temps et l’espace dans les deux premières productions d'Adam, il faudrait de toute nécessité inverser leurs rapports. En effet, dans son Caïn, notre philosophe expose que le temps est justement le moyen employé par la Providence pour remédier aux tristes conséquences de la chute adamique. Et dans la Langue hébraïque restituée, il dit en substance que nous avons la notion sensible, matérielle, de l'espace, alors que nous avons du temps une notion intellectuelle.

    Et l'espace, ainsi lié dans son raisonnement à la matière, est visiblement pour lui un élément centralisateur, oppressif, " caïnique ", alors que le temps se relie à l'activité providentielle ou verbale, libératrice et expansive.

    Seul, F. Warrain, dans sa Synthèse concrète, sait demeurer dans le droit fil de Fabre. Il ne lui a manqué, pour rendre le présent travail superflu, qu’une base de départ plus assurée. C'est une telle base que je vise à rétablir, que les développements ultérieurs que je me permets de poser soient ou non entièrement fondés. Je dois dire tout de suite que cette base, Fabre d’Olivet en a disséminé les éléments, - avec quel art ! - à travers toute son œuvre. J'espère en fournir quelques exemples.

    Injustement calomnié par quelques-uns de ceux qui l'ont démarqué sans l'avoir entièrement compris, camouflé en " suicidé " par ceux qui le firent assassiner, comme il ne serait pas impossible de le prouver, Fabre d'Olivet mérite, je crois, respect et admiration.

    Si certaines de ses étymologies, surtout dans le domaine indo-européen, sont sujettes à révision, sa merveilleuse intuition, son instinct divinatoire du vrai, sa méthode transcendante d'exploration du passé demeurent intacts. Sachant ce que peu d’hommes de son époque et de sa race savaient, il ne se laissa pas entraîner par un orgueil quasi légitime, attitude qui contraste avec celle, toute de bluff et de hauteur, de certain geai paré de ses plumes.

    Je ne puis terminer ce nécessaire préambule sans redire avec gratitude combien je suis son débiteur dans l'ordre intellectuel. Et c’est pour m'acquitter, bien imparfaitement et bien partiellement de cette dette que je me décide à l'exégèse qui suit si quelques erreurs ou lacunes s'y trouvent, elles m'appartiennent en propre. Je suis persuadé qu'avec l'aide du Ciel, l'intelligence du lecteur y remédiera aisément.

    La lignée de Caïn.

    Si l'on veut connaître les trois premières productions d'Adam telles que Fabre d'Olivet les entendait, il suffit de se rappeler qu'à l’exemple de nombre d'auteurs traitant de sujets réservés, l'auteur fournit la clé dans un autre ouvrage. Dans le cas qui nous occupe, c’est dans la Dissertation introductive à son Histoire philosophique qu’il convient de la chercher. Les trois éléments développés de la grande Tri-Unité et du grand Quaternaire humain sont l'Instinct , l’Animisme, l'Intellect, tissant, le premier, les éléments du corps, le second, ceux de l'âme, le troisième, ceux de l'esprit. Ces trois éléments, dans l'Homme Universel, Adam, seront donc : l'Instinct universel, l'Animisme universel, l'Intelligence universelle, - ou, nommément Caïn, Seth, Abel. Puisque chute il y a, dans le domaine où aboutit cette chute, c'est l’élément inférieur, instructif, Caïn, qui se montre le premier, comprimant, entravant, supplantant la manifestation des deux autres.

    Et voici la " lignée " symbolique de cet Instinct universel, de ce centralisateur puissant, dont les deux pôles complémentaires sont jouir et posséder.

    Hénok, c'est évidemment l'activité corporisatrice, la corporéité en général, grossière ou subtile (se reporter à la Dissertation déjà citée).

    Cet Hénok fonde une ville, un circuit protecteur, ou plutôt c'est Caïn qui la fonde en lui donnant pour nom celui de son premier fils. C'est qu’il n'y a pas corporéité sans limitation spatiale. Nous avons là les conditions de la vie animalisée ou en voie d'animalisation. Dans une acception, on pourrait dire que Hénok représente, non plus l’Instinct universel, mais sa réflexion, l'Instinct individuel, pris collectivement.

    Ainsi naît Whirad, " le tourbillon aveugle et désordonné " de la Sphère instinctive, le bouillonnement des appétits, l'instinct moteur, avec son double critère : posséder – jouir !

    Apparait alors Mehuyaël, la plénitude physique, le développement organique. Le tourbillon instinctif a atteint la cadence où son vide va donner l'illusion du plein qui constitue la réalité sensible. (Identiques sont nos " pleins " matériels : des apparences suscitées par des centres énergétiques dont le mouvement est assez rapide pour donner l'impression sensorielle du " continu ".) Le verbe huya préfixé par le préformatif plastique et passif M-, signifie, comme l'indique avec soin Fabre d'Olivet, " annoncer, publier, rendre évident, palpable ".

    Mais la contrepartie inévitable de cette prolifération de formes sensibles dominées par l'Instinct aveugle et tumultueux (lequel n’a encore ni l'Intelligence ni l'Animisme pour en régler la marche puisqu'il les a évincés sous les espèces du meurtre d'Abel), c'est leur dissolution inévitable. C'est là l'apparition de Methusaël, la mort-gouffre ! Toutes ces forces désordonnées, anarchisantes, qui veulent vivre égoïstement, chacune pour soi, de la vie de l'instinct, ne

    pouvant rien se concéder mutuellement, finissent par s’entre-dévorer et toute l'énergie caïnique ainsi dépensée en manifestation bruyante, ne pouvant s'anéantir au sens strict du mot, va retourner à l’état d'énergie latente, susceptible de se fixer ultérieurement sur un centre d'attraction moins éphémère. Si l'on me passe une image un peu forcée, ce sera le terreau qui ira engraisser la plante séthique.

    Car subsiste, perpétuellement agissant, quoique insaisissable, le protéique Lamek....

    Ici, il n'est peut-être pas sans intérêt de marquer une pause et de se rappeler que nous n'avons abordé qu'un seul des trois sens principaux de Caïn et de sa lignée et que nous ne lui avons donné qu’un seul de ses trois noms génériques. Un second sens n'est pas trop difficile à entrevoir. Caïn est, par exemple, le principe agglomératif agissant d'un corps céleste (et, analogiquement, d'une cellule, puisque tout est dans tout) non lumineux par lui-même. Je me suis étendu sur cette dernière précision dans un article de la revue Psyché, la Création des Luminaires. Hénok sera, dans ce cas, sphère gravitative ou le centre physique de celle-ci ; Whirad, son mouvement propre révolutif, et ainsi de suite. Il y a naturellement à ceci de multiples adaptations sociales ou individuelles, mais ce sont des adaptations. Rigoureusement parlant, l'homme " social " (ou sociable) est encore dans les limbes !...

    Et nous revenons au très mystérieux Lamek, que nous avons fait semblant d'oublier afin de le mieux comprendre. Comme il est aussi simple à nommer que difficile à saisir dans son essence et dans ses opérations, je lui donne tout de suite les principaux noms qui conviennent, y compris ceux qui n'auront de raison d'être que pour le personnage du même nom que nous allons trouver bientôt dans la généalogie de Seth.

    Lamek, " le lien qui arrête la dissolution, le flexible nœud des choses ", c'est, si l'on veut, le magnétisme (humain, terrestre, etc.), l’amour (instinctif ou autre, lien des sexes ou des contraires), la religion (au social), comme l'expose clairement notre auteur lui-même si l'on se donne la peine de relire ce qu'il dit des invasions des barbares et de leur christianisation, dans son Histoire philosophique, où il se sert, pertinemment, des mêmes termes par lesquels il caractérise la fonction de Lamek dans sa Langue hébraïque.

    Ce Lamek a deux " épouses " ou facultés complémentaires : Whada et Tsila, l'" évidente " et la " voilée ".

    Au sens planétaire que nous avons esquissé plus haut, et en nous restreignant à notre globe, Whada, l’Evidente, est la surface de la Terre (ou les forces qui vont y agir ; je préviens qu'il y a ici plus que je ne dis) ; Tsila, la Voilée, ce sont les entrailles du sol et leur géophysique. Au sens adamique ou anthropognosique, l'Evidente est la polarisation sexuelle masculine, tandis que la polarisation féminine est personnifiée par la Voilée.

    La famille, la tribu, puis la société découleront plus tard de là, comme Fabre d'Olivet l'expose au commencement de son Histoire philosophique du Genre humain. Eloigné présentement de ma bibliothèque, je m'excuse de ne point produire le texte ou citer la page où notre auteur parle du rôle dévolu à Eros dans les cosmogonies antiques.

    Dans son acception géophysique, l’Evidente développe les éléments plus légers de la superficie du globe (eau et air), source de toute fertilité, d'où pourront naître ultérieurement " labourage et pâturage ", culture et élevage, dont les débuts signaleront la fin de la vie purement sauvage et totalement instinctive de l'humanité. La Voilée diffuse la force centrale ou le " mercure des métaux " et préside à la métallisation même, germe de l'industrie et des recherches techniques. C'est là ce Thubal-Caïn, " père des forgerons " et des artisans de l'airain, puis du fer (intentionnellement ou non, la Bible respecte cet ordre, conforme à nos connaissances en préhistoire), dont les travaux étaient liés à ces " mystères " transmis dans les corporations cabiriques par ceux que l’antiquité grecque, pour ne parler que de celle-là, nous fait connaître - assez mal - sous les noms de Telchines et de Dactyles.

    Dans le plan adamique, la spécification sexuelle particulière à l’humanité " engendre ", par Whada, Jabal, la transhumance, le nomadisme, la quête amoureuse, la recherche du perfectionnement (le mot propre est facile), et son frère qu'on pourrait qualifier de jumeau, encore que la Bible ne fournisse pas cette précision, Jubal, la musique, les arts, le chant amoureux, la notion du Beau, l'effort perfectif qui, utilitaire chez Jabal, devient désintéressé chez Jubal au moins dans son objet immédiat.

    Le rôle de la Voilée, Tsila (ou l'éternel féminin), est instructif : Thubal-Caïn est la diffusion, le délayage des forces instinctives. (Ce nom curieux est formé de ceux de Caïn et d'Abel avec la préformante de réciprocité, th-.) Cette diffusion s'opère de deux façons : au moral, par la réaction opérée par la présence féminine dans les réflexes instinctifs masculins qu'elle modifie en mode involontairement mais nécessairement altruiste ; au matériel, parce que la multiplication des parturitions, donc des psychés instinctivées, diffuse et atténue l'énorme égoïsme instinctif fondamental, tandis cette prolifération, cette subdivision de l'être instinctif en une foule d’émanations individuelles permet à la force contraire, longtemps comprimée par Caïn, Caïn de se détendre, de les baigner et d'en limiter l'activité néfaste, même malgré elles. Là encore, c'est ailleurs, dans son Caïn, que Fabre d'Olivet expose ses vues sur ce point (en note, si mes souvenirs sont exacts).

    La " sœur " symbolique de Thubal-Caïn a nom Nawhama, la sociabilité, " le principe de la réunion en société ", comme dit à peu notre auteur, dont la mise en acte dépend, en effet, de la femme, et Fabre consacre un bon chapitre de son Histoire à cette démonstration !

    Je n'aurai garde d'omettre, dans ce tableau des bases de la société primitive, le " frère " de Jabal, Maqena : la propriété, l’approbation.

    En effet, dès que l’homme exerce son industrie par une activité rurale, pastorale ou autre, la notion de propriété prend corps et pose des problèmes dont la solution orientera dans telle ou telle voie la civilisation naissante.

    Inutile d’aborder un plan plus subtil et de savoir ce qu'y peuvent représenter les personnifications que nous venons d'évoquer rapidement. Ce pourrait être présomption de ma part. J'ajoute que je n’ai nulle prétention mystagoqique ou initiatique et que je tiens à laisser ce rôle, périlleux à ceux qui s’estiment qualifiés pour le jouer, que ce soit à tort ou à raison.

    Je passe sur le discours transparent de Lamek à ses " épouses ", qui se rapporte aux étapes de la manifestation du sens social dans l'humanité, pour aborder la lignée de Seth, non sans recommander à la sagacité du lecteur bien doué la note de la Langue hébraïque où Fabre d'Oivet rapproche nosha, " épouse ", du nom symbolique que nous allons bientôt rencontrer.

    La lignée de Seth.

    Si l’Instinct universel, Caïn, fonde la sphère instinctive (Hénok) pour tisser les éléments du corps périssable (Mehuyaël), il est logique de penser que Seth, l'Animisme universel, va travailler d'une façon analogue dans son domaine, selon les lois de sa fonction particulière et les circonstances spéciales que lui impose la manifestation préalable de Caïn.

    Enosh, sa première production, sera l'homme corporel, individuel, comme le dit clairement le philosophe de Ganges. Trop clairement même, et ce n'est là que le sens le plus extérieur de ce terme. Car le Hénok de la lignée de Caïn est également, en un certain sens, l’homme corporel ou son armature, mais l'homme corporel qui a développé uniquement et au maximum .ses seules facultés instinctives, sans que la sphère animique existante en germe et la sphère intellectuelle à plus forte raison interviennent. Elles restent à l’état de pures potentialités. J'ajoute que, dans la terminologie de notre auteur, " intellectuel " a un .sens plus vaste et plus haut que le sens usuel, quasi synonyme de " cérébral ".

    Enosh est donc l'être individuel complet, l’âme incarnée dans une sphère instinctive développée, dans laquelle, par l'action de l'amour, d’abord bestial, puis progressivement épuré, la sphère animique se développe, s'actualise et tend à reprendre son emprise normal sur l’instinct. En naissant, nous sommes tous de petits Caïns, engoncés dans le pur instinct ; l'amour maternel, pour commencer, puis le reste, diffusent cette " force centrale ", et un temps arrive, dit " âge de raison ", où la force expansive animique devient susceptible de contrebalancer le poids de la concentration caïnique. Cet âge de raison, c'est 7 ans; 21 ans, 49 ans... ou jamais ! C'est un état d'être et non une date d'existence, le point d’équilibre où l’homme devient conscient de ses responsabilités et théoriquement capable d'affirmer sa volonté en modifiant en bien ou en mal sa destinée. Je note que le Destin est, sur le plan cosmique, l'équivalent de l'Instinct sur le plan humain. Toutes ces correspondances et ces généalogies symboliques nous semblent plus faciles à saisir si on les situe sur le schéma de la constitution humaine, éminemment transposable, tel que Fabre le pose dans sa Dissertation introductive.

    Ce qui précède, pourquoi le dissimuler? - a un sens plus abstrait encore; ces différents sens s'entrelacent malicieusement sous la plume du maître, et le chemin que je puis. essayer de parcourir à sa suite n'est qu'une série de détours ininterrompus. Seule, je le répète, la Lumière intérieure peut donner la vision unitive et synthétique des réalités vivantes. Ce qu'il est bon de taire (et Fabre d’Olivet n'a pas manqué à cette règle), c'est ce qui pourrait mettre des esprits plus curieux que qualifiés sur la voie de techniques psychurgiques ou hermétiques périlleuses.

    Revenons à nos moutons. La production directe d’Enosh est Quïnan, c'est-à-dire un autre Caïn, multiplié en force et en nombre. Il est permis d'y reconnaître la prise de possession, " l'envahissement " par les facultés animiques, de chacune des facultés instinctives correspondantes. Cette transmutation psychique des désirs (et non leur anéantissement) est digne d'intérêt et a pour résultante une autre entité symbolique, Mahallaël, l'exaltation lumineuse. Le feu sombre du désir instinctif est transmué en la chaude lumière du désit animique. Ce mot, avec le préformatif M-, est bien éclairé par les vocables d’hébreu vulgaire construits sur la même racine, hilel, " splendeur, clarté ", nom de l’étoile du Matin (cf. Job), et helul, " exhaltation, glorification, actions de grâce ".

    Cette transmutation, ou cette réversion de l'activité d'en bas vers la sphère supérieure, transforme l'activité désordonnée signifiée par Whirad en un mouvement harmonieux et durable, Ired, dont l’aboutissement sera un second Hénok, très différent par nature du premier fils de Caïn. Ce Hénok représente ici, si nous avons bien compris l'auteur, l'initiation effective, la seconde naissance. Un des nombreux sens de ce mot en hébreu est " initier, inculquer, commencer à se servir d'une chose pour la premiére fois " ; le féminin hénoka est la dédicace, l'inauguration, la consécration de quelque chose. Le premier Hénok introduisait, initiait l'être au mode le plus inférieur de son existence. Le second l'instaure dans un monde plus haut, le transplante dans son élément supérieur, et est, cette fois, l’ultime production séthique, comme l'autre était la première production caïnique (car ses deux fils Methusélah et Lamek représentent, le premier, une transition nécessaire, une simple modalité de son action, et, le second, un principe préexistant, déjà connu sous une autre forme). Methusélah, par opposition au Methushaël de la lignée caïnique, est bien la mort qui sert de conclusion à toute activité sensible individuelle, mais une mort qui restitue l'être à l'élément adamique, au monde glorieux et spirituel dont il s'était ségrégé. C'est pourquoi la Genèse mentionne que ce Hénok a cessé d’exister sans cesser d'être.

    De cette mort même, laquelle n'est plus un gouffre où tout se dissout, sort un nouveau Lamek, -le même transformé, - un nouveau lien des choses : l'Amour rétablissant la communion entre la créature régénérée et le Verbe divin. Au sens social, ce lien est religion (en donnant à ce terme le sens qu'il avait autrefois), c’est-à-dire le moyen pratique, proposé implicitement à tous, mais utilisé en fait, de loin en loin, par quelques-uns, de réaliser le Grand Œuvre du Phénix.

    Nous voici loin de la terre physique. Il nous faut y redescendre, car, en réalité, nous ne le savons que trop, la grande masse des émanations d'Adam n'est pas parvenue à " cesser d'exister sans cesser d'être ". Et cette masse est toujours à sauver. Mais, cette fois, l'Adamité réintégrée ou en voie de réintégration va venir au secours de l'Adamité déchue ou en voie de désintégration. Lamek (l’Amour) va déléguer, pour le salut de la Terre, une triple ambassade, une et triple : Noé (1), délégation locale de l'Adam réintégré (et, par lui, le Verbe rédempteur), Sem, Cham, Japhet (intelligence, instinct, animisme adamiques purifiés). Chacun de ces principes dominera plus spécialement danß une race terrestre, quoique aucune, parce qu'adamique, ne puisse être totalement dépourvue de l’un d'eux.

    Dans un sens parallèle au premier, la triade émanée de Noé peut être assimilée à l'esprit, à l'âme et aux forces physiques de 1a Terre (ou plus exactement du binôme Terre-Lune).

    Je dois ajouter à ce qui précède que les chapitres suivants vont prendre un caractère mi-symbolique, mi-hystorique, et ne sont pas en entier d'inspiration moïsiaque. Peu importe pour l'instant.

    Je crois sage de m'en tenir aux quelques éclaircissements ci-dessus, sans les alourdir de considérations sur des problèmes intéressant la vie posthume et prénatale, par exemple.

    Si j'ai pu établir que le meilleur exégète de Fabre d'Olivet était encore cet auteur lui-même, je n'aurai pas perdu mon temps, quelque opinion qu'on puisse professer par ailleurs sur la façon dont j'ai saisi ou non sa pensée véritable.






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